Carnet de route

Etymologie alpine

Le 18/03/2011 par Brousseau Olivier

Etymologie alpine

« Oh regarde ! Un tichodrome échelette !

- Un quoi ? Un p’tit kodrome ?

- Non, un ti-cho-drome ! Un grimpereau des montagnes, un oiseau papillon, si tu préfères… ».

Que nous soyons randonneurs du dimanche ou alpiniste chevronné, grimpeur insatiable ou skieur tranquille, nous sommes tous, me semble-t-il, des contemplatifs, sensibles aux paysages, aux ambiances que nous offres nos montagnes, et à ce qu’elles recèlent de richesses animales et végétales… bien que certaines portent parfois des noms bien peu poétiques, voire barbares au premier abord. Le tichodrome échelette fait partie de ceux là, et doit à notre manie de vouloir tout classifier, cette curieuse appellation. Oiseau discret, plus petit qu’un merle, habillé principalement de gris et de noir, furtif et peu loquace, ce n’est que lorsqu’il déploie ses larges ailes rouge vif ponctuées de blanc qu’il devient vraiment visible, et ressemble alors davantage à un papillon qu’à un oiseau.

Excellent grimpeur, adepte de la haute montagne et de ses parois verticales (je l’ai croisé à près de 3000m entre la brèche de Roland et le Taillon, dans les Pyrénées), il arpente inlassablement les falaises à la recherche d’insectes et leurs larves qu’il déloge des anfractuosités de la roche à l’aide de son long bec arqué. Si le rocher est son élément, il ne dédaigne pas la SAE, lorsque l’hiver le pousse à redescendre dans les vallées : il n’est pas rare alors de l’apercevoir sur les édifices, comme la façade du bar – restaurant du Pas de Peyrol dans le Cantal, le Barrage de Bort les Orgues, ou encore la cathédrale de Limoges.

Mais au fait, d’où vient son nom, « Tichodrome Echelette » ? La réponse se trouve dans son comportement. En effet, « tichodrome » viendrait du grec « teichos » qui signifie « le mur, la muraille » et « dromeus », le coureur ; littéralement notre oiseau est un « coureur des murailles », à défaut d’être un coureur de jupons car c’est d’ailleurs plutôt un solitaire ! Et comme il le fait avec style (de courir les murs !), en sautillant et voletant légèrement, certainement pour narguer les grimpeurs cafistes harnachés et « mousquetonés » de tous côtés, un peu comme s’il montait une échelle, on a rajouté à son nom le mot « échelette ».

Je suis persuadé que bon nombre de grimpeurs envient cette aisance à courir à la verticale, tout en grâce et légèreté ! Mais ne soyez pas jaloux : lorsque le tichodrome descend d’une paroi, ça n’est pas pour savourer une bonne mousse bien fraîche, ou un chocolat chaud (tout dépend), mais c’est pour remonter aussitôt « déguster » des araignées !

Olivier BROUSSEAU